Toulouse, novembre 2018, première installation de Désordre dans le cadre d’une exposition collective à Mix’art Myrys.
Cette première installation est à considérer comme une épreuve de l’oeuvre. Investissant un espace d’exposition de 100 m², Désordre est pour l’occasion constituée de l’agencement de quarante huit barres d’acier suspendues au dessus du sol par des câbles et mues de mouvements aléatoires de balancier. Par des jeux de contrepoids savamment déséquilibrés, proposant un mouvement global de la sculpture non linéaire, Désordre expose une mécanique quasi organique (le mot sculpture est ici utilisé à dessein ; la forme finale de l’oeuvre devant aboutir à un volume : sphère, cylindre, cube ou parallélépipède…).
Désordre, sculpture mouvante est faite d’entrecroisements lâches, qui dessinent des chemins éphémères, incitant les spectateurs à circuler et à participer au mouvement global de l’oeuvre. En effet, sans cette activation, la sculpture reste quasi immobile, silencieuse, attendant d’être révélée. Cet environnement mouvant de lignes et de sons (délicats roulements de billes, entrechoquements des barres, câbles sonorisé, vibrations métalliques… ) appelle les imaginaires, invitent les corps à se frayer un chemin dans ce maillage de métal. Par les traversées des spectateurs, Désordre s’anime ; activations délicates par le toucher, marches incertaines ou plus joueuses, glissements feutrés, évitements, courses ou suspension, tous ces mouvements forment une syntaxe gestuelle qui s’enrichit de l’apport de chacun. Dans ce remous de lignes métalliques, tour à tour paysage de sous bois, abris, refuge ou prison, la traversée du spectateur s’organise entre attrait et menace. C’est le temps de la matière, de ses résonances en nous et autour de nous qui importe.
Les spectateurs déplacent et sont déplacés, oscillant entre un faire et un se-laisser-faire. Chaque geste engendre des interactions qui incitent à explorer plus avant les potentialités de la sculpture, engageant chacun à se situer et à interagir. Ainsi, Désordre s’anime si l’on vient la chahuter. Elle révèle alors ses harmonies, ses contrastes, et un ensemble de possibles imprédictibles. Que le spectateur n’est pas de maîtrise sur cet environnement, peut-être est-ce là tout l’enjeu de cette proposition, de ce désordre, de cette sorte d’entropie.
Désordre est aussi l’occasion offerte à des artistes d’investir la sculpture. Dans Désordre mode d’emploi, une danseuse a été invitée à performer. Il s’agissait ici d’offrir aux spectateurs convoqués pour la circonstance, un moment de danse permettant de susciter chez eux de possibles relations avec la sculpture. Cette proposition est avant tout pensée pour donner un élan. Ainsi, à la fin de la performance, le public était invité à investir la sculpture. Il est possible d’envisager d’autres types d’invitations pour mettre en mouvement Désordre et par là insuffler du commun.
A l’issue de cette première activation, le travail à mettre en oeuvre consiste en :
– la réalisation finale de la sculpture, envisageant une structure auto-portée permettant une autonomie d’installation (intérieur ou extérieur) et intégrant une lumière adaptée.
– la création avec un(e) technicien(ne) son et un(e) créateur(trice) sonore